Voici le compte rendu de la première partie écrit par Kandor (Michel)
"En ce frais après-midi d’hiver, alors que de la neige fondue colle encore aux bottes des voyageurs, une caravane marchande arrive enfin dans la cité septentrionale de Koratha. La traversée des steppes zandonriennes depuis Jalizar n’a pas été très mouvementée : quelques attaques d’animaux sauvages lors des bivouacs mais rien de très sérieux. Les malfaisants en tous genres rôdant habituellement dans ces plaines infinies ont préféré rester au chaud.
Durant la petite semaine de voyage, la proximité permanente a permis à certains voyageurs de se rapprocher. Autour des bivouacs, la bonne humeur communicative de Shagan -un mercenaire embauché pour assurer la protection des biens- a égayé les voyageurs.
Parmi ceux-ci, citons les plus notables :
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Iren, maîtresse du Lotus se rendant à Koratha à la fois afin de visiter une connaissance mais surtout pour cueillir certaines espèces rares de plantes poussant à proximité,
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An-shigao, moine originaire du Lhoban -lointaine contrée montagneuse où la spiritualité est particulièrement importante- venu pour rencontrer maître Tiragata, responsable d’un temple à Koratha,
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Khandor, voyageur sans attache ni profession officielle - un sang-mêlé peu communicatif cherchant visiblement des informations sur certains Valks de haut rang établis au Zandor,
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Azaawel, mystérieux personnage métis enroulé dans ses larges robes, qui vient rendre hommage à sa mère.
Une fois la caravane débâtée, il est temps pour chacun de vaquer à ses occupations jusqu’au soir. Ensuite, Shagan a proposé à ses camarades de voyage précités de le rejoindre à l’Antre du Dragon, une sympathique taverne korhatienne. Attablés ensemble, tous peuvent constater la généreuse propension du mercenaire à payer tournée sur tournée et malheureusement à se faire rouler par le tavernier sans scrupules.
Alors que la soirée prend fin sans rien de plus à signaler que quelques bagarres entre outres avinées, An-shigao se confie à ses compagnons sur l’entrevue qu’il a eue avec le responsable du temple local. Celui-ci lui a fait part d’un fait-divers problématique impliquant un certain Kang Chempo de ses amis.
Ce haut responsable de la milice locale se retrouve ainsi officiellement accusé du meurtre de 3 moines appartenant au temple de Tashilumpo éloigné d’une semaine de marche dans la montagne. Maître Tiragata est pourtant absolument certain que son ami, très pieux, n’aurait jamais pu commettre un acte aussi vil. Il a de plus confié à An-shigao certains éléments qui pourraient accréditer la thèse d’une machination contre un fonctionnaire particulièrement honnête dont le seul tort pourrait n’être en fait que de vouloir accéder à la fonction d’Ekass, autorité suprême de la ville.
L’identité de l’accusateur pose déjà question : celui-ci se nomme Alexios et il se trouve qu’il prétend lui-aussi aux fonctions convoitées par Kang Chempo. La réputation d’Alexios n’est pas particulièrement fameuse dans le coin. Même s’il dispose d’un solide réseau d’influence, on le dit surtout intéressé par son propre profit, participant peut-être à des activités louches avec la pègre locale.
De plus, les circonstances du drame ne sont pas très claires. Tout d’abord Kang est incapable de se souvenir de ce qui s’est passé. Un moine gyrovague (errant) dénommé Phang-Lo, présent à Tashilumpo la nuit des meurtres, l’accuse des faits et semble constituer le seul témoin. Malheureusement ce Phang-Lo, après avoir déposé à Koratha auprès d’Alexios avec une surprenante célérité, est déjà reparti sur les routes. Personne ne sait où il se trouve actuellement et donc personne ne pourra lui poser de questions jusqu’au jugement prévu d’ici un mois.
An-shigao, très soucieux de venir en aide à son ami Tiragata, propose à ses compagnons de l’aider à enquêter un peu. En effet, en ces lieux faiblement civilisés, le sort de Kang semble scellé si personne ne s’intéresse à son cas : ce sera sans nul doute le bourreau.
Les 4 autres voyageurs n’ont pas vraiment d’occupations pour le moment et ils acceptent de l’aider, se donnant rendez-vous pour le lendemain matin afin de commencer leur enquête.
A la première heure, il est ainsi décidé de tenter de visiter Kang, détenu dans les geôles de Koratha jusqu’à son procès. Le problème est que Kang est au secret. Heureusement, le garde devant les portes se montre sensible aux arguments tintants et trébuchants d’Iren et pour 20 lunes, accepte finalement d’escorter la jeune femme accompagnée de An-shigao jusqu’au sombre et glacial cachot du prisonnier.
Celui-ci est calme mais ne se fait guère d’illusions sur son sort. Il semble même étonné que des gens s’intéressent à son cas. Pressé de questions, il ne peut que confirmer qu’il ne se souvient de rien concernant la soirée fatale. Venu pour faire une retraite de quelques jours dans le temple, il passait presque tout son temps en prières avec les moines locaux. S’il se souvient avoir vaguement côtoyé les victimes lors des repas communs et avoir croisé un moine gyrovague, il ne sait rien d’autre excepté avoir plongé le soir du drame dans un sommeil aussi rapide qu’exceptionnellement lourd. Les symptômes qu’il décrits collent assez bien à l’idée qu’il a été drogué.
An-shigao lui pose ensuite quelques questions sur son entourage proche. Sur ses ennemis avérés, il cite notamment le capitaine Kratol, un officier de la milice placé sous son commandement qu’il soupçonne de participer à un réseau de contrebande qui serait mené par le marchand Griso. Le tout restant à prouver.
Après l’entrevue, Iren et An-shigao remontent retrouver leurs compagnons. Il va falloir décider de la suite de l’enquête…"
A suivre…